haclong 29/04/2013 16:49:00

Crédit : Claudia Mc Elhill

En parlant de son livre, Joyce Carol Oates a dit de lui que c'était son roman vampire. Comme la créature de la nuit, le roman est sombre, vénéneux, fascinant. Il vous attire et vous aspire et vous trouble. Il raconte l'histoire d'une famille dynastique américaine, les Bellefleur. Une fois que c'est dit, obligé, on pense aux VRAIES grandes familles américaines alourdies par une Histoire sur-médiatisée. Obligé, on pense aux Kennedy. La famille au dessus de tout. La famille et surtout le patronyme, le patrimoine, la famille, nucléaire, désunie s'il en faut mais soudée malgré tout. La puissance d'un groupe qui se transmet à l'individu, tant et si bien qu'il en oublie son individualité. L'arrogance d'un nom démultipliée par autant d'individus qui composent le groupe. Et, comme pour toutes ces familles : les secrets, les secrets, les secrets...

L'auteur construit une ambiance pesante, lourde. Tout se mêle : le passé, le présent, les générations les unes après les autres. Les événements se racontent confusément, sont des souvenirs rappelés du passé par un narrateur qui s'adresse à un auditoire qui connait déjà l'histoire de la famille Bellefleur. Mais si, rappelez vous, c'était ce soir de tempête... Et puis le jour des courses, le jour où untel a gagné... Et quand un autre a été invité à la résidence... On rappelle des dates relatives, des événements marquants. Ce qui précède et ce qui suit, tous le savons déjà. Le souvenir s'efface, laisse déjà la place à un autre. Et ainsi, dans un enchevêtrement de dates, de personnalités, d'événements, d'actions éparses, le lecteur ignorant reconstruit l'histoire immense de cette famille dominée par la volonté des hommes et des femmes qui se sont succédés à sa tête. Les naissances et les morts sont autant de repères chronologiques pour resituer les événements. Et le lecteur poursuit sa lecture. Irrémédiablement attiré par ces faits qui prennent un sens au fur et à mesure que se poursuit la découverte de la famille. Les "Mais que s'est il passé ?" et les "Comment est-ce arrivé ?" laissent place petit à petit à des "Ah ! C'est donc ainsi que cela s'est passé..." et à des "Ah ! C'est de cela qu'on parlait...". Les pièces du puzzle retrouvent leur place mais on continue inlassablement la lecture, parce qu'on ne sait pas ce que cette famille cache encore. Peut être encore un événement que personne ne sait, si sombre qu'il a été tu depuis toutes ces années. Et en tournant les pages les unes après les autres, on cherche à comprendre, à savoir. Il manque encore cette information. Il manque encore ce fait. Des questions restent sans réponse et la page suivante arrive, la solution sera là, le passé ressurgi mais déjà une autre histoire prend le devant de la scène et on attend, impatient, irrité, frustré de ne pas avoir obtenu ce pour quoi on était venu. Et on tourne la page. Encore une. C'est un tourbillon qui retombe, qui se calme et qui se lève soudain pour nous emporter plus loin. Jusqu'au prochain chapitre.

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