Le concept est large et vaste. La liberté. Faire ce qu'on veut. Quand on veut. Comme on veut. Le concept promet le droit de l'individu de disposer du quoi, du où, du comment. Jusqu'à nouvel ordre, le qui est forcément l'individu lui même, la liberté d'un individu s'arrêtant à l'autre.
On a découvert que la liberté, trop vaste, pouvait être subdivisée. On a donné un nom à chacune des libertés-enfants issues de la grande LIBERTE, celle qui s'écrit tout en majuscule. Liberté d'opinion ou le droit de penser et de dire ce qu'on veut, liberté civile ou le droit de faire ce qu'on veut, liberté de circulation ou le droit d'aller où on veut, liberté de culte ou le droit de croire en ce qu'on veut...
Si l'humanité s'arrêtait aux libertés, les faibles n'y survivraient pas. Faire ce qu'on veut, comme on veut, quand on veut profite toujours aux plus forts, aux puissants. Alors, afin de permettre de couper le grand gâteau Liberté en parts égales et de s'assurer que nul n'ira piquer la part du voisin, on a édicté un ensemble de lois et mis en place une autorité supérieure qui avait le droit de retirer sa liberté à celui qui avait eu l'envie de faire ce qu'il veut, comme il veut, quand il veut en ignorant délibéremment l'ensemble de lois.
Et depuis, tout ce qui est fait quand on veut, comme on veut, peut se heurter à ce mur de lois qui vous contraint, vous limite, vous cadre et vous permet d'évoluer dans la bonne entente des autres. C'est ce qui permet à un ensemble d'individus d'avancer dans le même sens (de préférence), et de former bon gré mal gré une société.
Pourtant, avant le mur froid et rigide des lois, plus insidieux, invisible, se dresse un énorme mur d'épines, aux contours flous, une haie un jour dense, le lendemain plus fine. Le mur de la moralité. Et les pires revers des libertés, des humanités aiment se tapir dans les ombres de cette haie. Profitant des libertés, protégés par les épines, dans les limites de la loi, tout se dit, tout se fait, même le pire.
Ainsi, lorsque, usant de sa liberté civile de décider et de faire ce qu'on veut, on souhaite recourir à une intervention médicale et, dans l'incapacité de faire comme on veut (faute évidente de moyen), on a recours à l'assistance d'autrui, on se retrouve soudain démuni, pointé du doigt et attaqué de toutes parts lorsque cet autre, caché dans les épines de la moralité, se refuse d'apporter l'aide qu'on a demandé. Pire, cet autre tranche, retirant délibéremment le droit fondamental à l'individu de décider pour lui même. Cet autre se rassure, conforté dans sa moralité et dans l'idée qu'il occupe une meilleure place pour décider pour l'individu déclaré arbitrairement inapte.
L'homme (et la femme), s'il est déclaré adulte et sain d'esprit, a le droit inaliénable de disposer de son propre corps. C'est une liberté fondamentale. Rien, aux yeux de la loi, ne devrait empêcher l'individu de parvenir à ses fins. Et rappelons nous : seule la loi permet de dire qui est coupable et qui ne l'est pas.
Pourtant, en 2015, certains tabous résistent :
- Un adulte sain de corps et d'esprit est coupable, pas devant la loi mais devant un ensemble d'individus dont l'autorité n'est pas reconnue, s'il souhaite interrompre sa grossesse.
- Un adulte sain de corps et d'esprit est coupable, pas devant la loi mais devant un ensemble d'individus dont l'autorité n'est pas reconnue, s'il souhaite se faire stériliser.
- Un adulte sain de corps et d'esprit est coupable, pas devant la loi mais devant un ensemble d'individus dont l'autorité n'est pas reconnue, s'il accepte et retourne l'amour d'un autre individu du même sexe.
Et je ne parle même pas du droit de disposer de sa propre fin. Mais là, la loi n'ayant pas encore tranché, on préfère laisser les gens non vivre.
Mais en quoi le fait de se faire stériliser, le fait d'aimer ou le fait d'interrompre une grossesse non désirée touche t-elle la liberté des autres ?
Sur internet, creuset de tous les extrêmes, une personne qui souhaite se faire stériliser déclenche une tempête de haine.
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Se faire stériliser, c'est aller à l'encontre des besoins de son corps. Mais alors, que deviennent ces mêmes besoins pour l'infortuné qui nait stérile ? Et si la personne est une femme, c'est encore pire parce que tout le monde sait que le but ultime de la femme, c'est d'avoir un enfant... Refuser d'avoir un enfant serait contre nature.
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Sa santé mentale est remise en question, on parle d'internement, parce qu'il n'y a que les fous qui ne veulent pas d'enfants... Tout ceux qui n'en ont pas en recourant à une méthode "classique" de contraception apprécieront.
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Sa moralité est remise en question, puisque si elle n'écartait pas les jambes (en substance comme une marie-couche-toi-là), elle n'aurait pas besoin de se faire stériliser... Que dire des couples stables qui ne souhaitent pas avoir d'enfant ? Bon... face aux piques de la moralité, un couple qui souhaite ne pas avoir d'enfants est très probablement instable, sinon, cela se saurait.
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On recommande à l'individu d'entrer dans les ordres, l'abstinence est présentée comme une alternative, comme si l'acte sexuel n'avait que pour seule finalité l'enfantement.
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Sa foi est pointée du doigt. 2015. Laïcité...
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Son éducation est scrutée, comme si les parents étaient eux même coupables de cette décision : mauvaise éducation, traumatismes, viols... jusqu'où cela peut il aller ?
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Son intelligence est remise en question
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On fait appel à sa raison : l'opération est irréversible. On pourra rassurer les parents indécis : il est toujours possible de se débarrasser de l'enfant n'importe quand si ils venaient à changer d'avis.
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On l'accuse d'égoïsme... Que dire de ces femmes qui tombent enceinte à plus de 50 ans ?? Et d'ailleurs, comment elles font ?? C'est pas contre nature, ça ?
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Et, peut-on faire pire ? Certains semblent prêt à apporter l'aide recherchée pour "ne pas risquer que la personne se reproduise".
Ce déchaînement de non sens abusifs pour un acte souhaité par un seul individu, pour lui même m'est incompréhensible. Et me fait penser qu'au dessus de l'amour, malgré les lois et les libertés, des enfants naissent dans ce monde dominé par la haine.